File Information
File: 05-lr/acl_arc_1_sum/cleansed_text/xml_by_section/abstr/80/c80-1018_abstr.xml
Size: 11,240 bytes
Last Modified: 2025-10-06 13:45:50
<?xml version="1.0" standalone="yes"?> <Paper uid="C80-1018"> <Title>L'ANALYSE LOGIQUE DES TEMPS DU PASSE EN FRAN~AIS Comment on peut appliquer la distinction entre nom de mati~re et nom comptable aux temps du verbe</Title> <Section position="1" start_page="0" end_page="122" type="abstr"> <SectionTitle> L'ANALYSE LOGIQUE DES TEMPS DU PASSE EN FRAN~AIS </SectionTitle> <Paragraph position="0"> Comment on peut appliquer la distinction entre nom de mati~re et nom comptable aux temps du verbe Dans cet expose j'aimerais prouver qu'il y a des rapports tr~s ~troits entre la s~mantique nominale et la s~mantique verbale. J'essaierai d'appliquer la distinction entre nom comptable (angl. count noun) et nom de mati~re (angl. mass noun) au domaine du verbe.</Paragraph> <Paragraph position="1"> En particulier il sera d~montr~ qu'un verbe (ou syntagme verbal) ~ l'imparfait d~note une entit~ du mSme type que celle d~not~e par un nom de mati~re. Un syntagme au pass~ simple ou au passe compose par contre denote une entit~ qui est analogue ~ celle d~not~e par un nom comptable. Exprim~ d'une fa$on moins philosophique: je veux expliquer pourquoi on ne peut pas dire (1)XJean dansait trois fois.</Paragraph> <Paragraph position="2"> Cette phrase est s~mantiquement anormale (saul dans un sens it~ratif ou habituel). Elle est aussi anormale qu'un nom de mati~re priced% d'un adjectif numeral (2):C/trois eaux, ~deux beurres, ~trois ors, :~quatre argents, :~deux bl~s; (~ moins qu'on ne veuille designer 2 types de beurre ou ~eux vari~t~s de bl~. Mais ~ ce moment 'beurre' n'est plus un nom de mati~re).</Paragraph> <Paragraph position="3"> Si on remplace l'imparfait par le passe compose ou par le passe simple alors la phrase (I) devient une phrase parfaite- null ment normale (3) Jean a dans~ trois lois.</Paragraph> <Paragraph position="4"> Nous pr~senterons nos r~sultats de fa~on informelle. Ceux qui s'int~ressent ~ la formalisation pourront obtenir lors du congr~s A Tokio une copie de notre syst~me formel o~ les m~mes donn~es sont formalis~es dans le cadre de la grammaire de Montague.</Paragraph> <Paragraph position="5"> L_es propri~t~s s~mantiques des noms de mati~re Intuitivement la s~mantique des noms de mati~re est tr~s simple. Une partie d'une table n'est pas une table mais une tranche de pain est du pain. J'aimerais appeler cette propri~t~ des noms de mati~re la propri~t~ de sous-ensemble. Toute partie de pain (on tout sousensemble) a la propri~t~ d'etre du pain. (Je ne discuterai pas la question de savoir s'il existe des sous-ensembles minimaux indivisibles. C'est l'exemple bien connu de la tarte aux fraises.</Paragraph> <Paragraph position="6"> Est-ce qu'une fraise qu'on enl~ve d'une tarte aux fraises est de la tarte au fraises?) L'oppos~ de la propri~t~ de sous-ensembles est la propri~t~ d'union. Une pomme plus une pomme donne deux pommes, tandis que de l'eau plus de l'eau ne donne pas deux eaux. On peut mesurer l'objet d~not~ par un nom de mati~re, il n'est pas susceptible d'etre compt~. Ces distinctions sont connues depuis Aristote. La formalisation de ces distinctions A l'aide de la logique math~matique est beaucoup plus r~cente. I Les propri~t~s s~manti~ues des verbes Dans son ouvrage 'Time, Tense, and the Verbe W.Bull distingue deux classes de verbes: les verbes cycliques et les verbes non-cycliques. Un verbe cyclique denote un ~v~nement qui a une fin naturelle. On ne peut pas prolonger l'~v~nement au del~ de cette fin naturelle. Bull donne l'exemple 'levantarse' (se lever). Une fois qu'on s'est lev~ on ne peut pas prolonger cette action. On dolt d'abord se rasseoir ou se recoucher avant qu'on puisse se lever de nouveau. D'autres exemples de verbes cycliques (ou syntagmes verbaux) seraient: (4) mourir, sortir, atteindre le sommet, traverser le fleuve, 6crire une lettre, construire une maison, fermer la porte; La diff6rence fondamentale entre un ~v6nement non-cyclique se trouve dans le fait que ce dernier n'a pas de fin naturelle. On peut prolonger l'action ind6finiment - du moins th~oriquement. L'exemple typique d'un verbe qui denote un 6v6nement non-cyclique selon Bull est 'dormir'. Je donne encore quelques autres exemples: (5) marcher, danser, chanter, ~tre malade; Le parall~lisme entre les verbes non~ycliques et les noms de matlere d~un cStE et entre les verbes cycliques et 1--es noms comptables de i'autre (a) la mesure On peut mesurer les entitEs d6sign~es par les noms de matigre. On mesure le volume 'un litre de vin', le poids 'trois kilos de sucre' etc. Pour mesurer les actions ou Etats d~signEs par les verbes non-cycliques, on utilise des notions temporelles.</Paragraph> <Paragraph position="7"> (6) dormir une heure, marcher de deux heures ~ quatre heures, chanter depuis le matin, danser jusqu'au soir. Les adverbes 'une heure', 'de deux heures quatre heures', etc. dEsignent un intervalle. Cet intervalle mesure la dur~e effective de l'action en question. Si l'on combine ces adverbes avec des verbes cycliques alors l'adverbe ne mesure plus la dur~e d'une action unique; il mesure combien de fois une action a lieu l'int~rieur de cet intervalle.</Paragraph> <Paragraph position="8"> (7) se lever pendant une heure, fermer la porte pendant une heure, traverser le fleuve toute la journEe.</Paragraph> <Paragraph position="9"> Si l'action est unique, c.O.d, si une interpretation it~rative est exclue, on obtient une contradiction.</Paragraph> <Paragraph position="10"> (8) XJean a trouvE la mort dans un accident d'aviOn pendant une heure.</Paragraph> <Paragraph position="11"> (b) l_a propriEtE de sous-ensemble Le fait qu'un adverbe temporel comme 'pendant une heure' entralne une lecture (interprEtation) itErative avec les verbes cycliques s'explique de la fagon suivante: Si 'Jean a march~ une heure' est vrai, alors la phrase 'Jean marche' est vraie A tout moment de cette heure. Nous avons ici un parallElisme avec la propri6t~ de sous-ensemble des noms de mati~re. Si nous avons un litre de vin alors n'importe quelle pattie de ce litre est ~galement du vin. De mSme, si Jean marche de 2 g 3 heures, alors n'importe quel intervalle entre 2 et 3 heures est un intervalle o~ Jean marche. Jean marche 2h Jean marche 3h Par contre si Lindberg a traverse l'Atlantique en 30 heures alors il ne s'ensuit pas que Lindberg a traverse l'Atlantique en 20 heures ou en 10 heures ou en 30 secondes.</Paragraph> <Paragraph position="12"> Un adverbe comme 'en une heure' ne peut s'appliquer qu'~ des verbes cycliques. Ii indique que l'action atteint sa fin naturelle en une heure. 'En une heure' presuppose une action qui a une limite naturelle. C'est pourquoi des phrases comme (9) et (10) ne sont pas grammaticales null (9) ::Jean a marchE en une heure.</Paragraph> <Paragraph position="13"> (10) :~Marie a travaill~ ~ sa th~se en une heure.</Paragraph> <Paragraph position="14"> La distribution des periphrases verbales comme 'cesser de', 'arr~ter de', 'continuer ~', confirme ce que nous venons de dire sur la distinction entre verbes cycliques et non-cycliques.</Paragraph> <Paragraph position="15"> (11) Jean a cessE de {fumer, travailler, chanter}.</Paragraph> <Paragraph position="16"> (12) XJean a cess~ de {traverser le fleuve, atteindre le sommet, fermer la porte}.</Paragraph> <Paragraph position="17"> 'Cesser de p' est vrai ~ un moment t si pest faux ~ t et s'il existe un intervalle avant t o~ pest vrai. Soit en</Paragraph> <Paragraph position="19"> Cette figure montre que 'eesser de' prEsuppose un intervalle qui mesure la durEe d'une action ou d'un Etat. Nous avons dEj~ vu que les verbes cycliques ne sont pas compatibles avec la notion de mesure. A l'exception du cas o~ la phrase est interpr~tEe de fa~on itEratire. null Conclusion Les verbes non-cycliques ont la propri~tE de sous-ensemble. Si une phrase avec un verbe non-cyclique est vraie pendant un intervalle I, alors la phrase est ~galement vraie pendant tout sous-ensemble I' de I.</Paragraph> <Paragraph position="20"> (c) la propri6t6 d'union Imaginons la situation suivante. Pierre a travaill~ quatre heures le matin et quatre heures l'apr~s-midi. Alors on peut former l'union et dire Jean a travaill~ huit heures. Cette operation fait de deux intervalles un nouvel intervalle. Cette operation n'est pas possible dans le cas des verbes cycliques. De 'Pierre a traverse le fleuve en I heure le matin et en 30 minutes l'apr~s-midi' il ne s'ensuit ~videmment pas 'Pierre a travers~ le fleuve en I heure et 30 minutes'. 'La travers6e d'un fleuve' denote un objet du m~me type que celui dEnotE par -123un nom comptable. I1 ale m@me comportement syntaxique. On peut le mettre au pluriel (les travers6es), le combiner avec un adjectif num6ral (deux travers6es) etc. Les nom d6riv@s de verbes non-cycliques par contre se comportent plutSt comme des noms de mati~re.</Paragraph> <Paragraph position="21"> Comparez: ::les sommeils, Xdeux sommeils. Deux types d'adverbes de fr6quence Avant d'aborder le probl~me principal, l'incompatibilit~ de l'imparfait avec des adverbes num@raux (:C/Jean dansait trois lois.), il est n~cessaire de caract6riser bri~vement cette classe d'adverbes. Normalement les linguistes ne distinguent qu'une classe d'adverbes fr@quentatifs. Cette classe contient des formes comme 'souvent, rarement, quelquefois, trois fois, plusieurs lois, fr~quemment, toujours, jamais' etc.</Paragraph> <Paragraph position="22"> Cependant nous pouvons montrer que ces adverbes ne constituent pas une classe homog~ne. D'apr~s leur distribution syntaxique on peut les diviser en deux classes. Je ne donne que quelques crit@res pour les distinguer: Occurrence avec 'il arrive que' (13) Ii arrive (souvent, rarement, quelquefois, ::trois fois, Xplusieurs fois, ne ... jamais, fr6quemment) que Pierre arrive trop tard.</Paragraph> <Paragraph position="23"> Le pr@sent g6n~rique (14) Jean gagne (souvent, rarement, ne ...jamais, Xtrois fois, ::plusieurs fois) une partie de poker.</Paragraph> <Paragraph position="24"> 'Souvent, rarement, ne ... jamais' ont une port6e plus grande que 'trois fois, plusieurs fois'. J'emploie le terme 'port@e' dans un sens technique. II correspond au terme anglais 'scope'.</Paragraph> <Paragraph position="25"> quelquefois).</Paragraph> <Paragraph position="26"> Dans cette phrase tousles adverbes de fr~quence sont possible Ii existe cependant une diff6rence de sens. Les adverbes 'plusieurs fois, trois fois' ne se rapportent qu'~ en proposition principale. On peut illustrer cette diff6rence de la port6e des adverbes si on place les adverbes au d~but de la phrase. En position initiale, seul !es adverbes 'quelquefois, souvent, rarement', (c'est-~-dire les adverbes qui modifient la phrase enti~re) sont possibles.</Paragraph> <Paragraph position="27"> (18) (Quelquefois, souvent, rarement, ::trois fois ...) si vous grattez une allumette, elle s'allume.</Paragraph> <Paragraph position="28"> Sur la base de ces crit~res distributionnels nous divisons les adverbes en deux classes: Alexander P. Mourelatos propose une classification analogue pour l'anglais dans son article 'Events, Nous appelons les adverbes de la classe A 'adverbes de fr6quence' et les adverbes de la classe B 'adverbes num@riques'. null</Paragraph> </Section> class="xml-element"></Paper>